Anna - cette gamine un peu trop bonne poire

A ma naissance, mes parents habitaient un petit bourg de Hollande, non loin de la mer. Je me souviens particulièrement bien de cette odeur salée portée par le vent, lorsque je sortais jouer dans le jardin avec mes cadets ou que je me promenais à vélo sur les chemins terreux de campagne. Tout cela aurait pu continuer longtemps si je ne m’étais pas retrouvée affublée de pouvoirs magiques. Mes parents sont tous les deux moldus, ainsi que tous mes cadets. Seule ma grand-mère maternelle était une sorcière. Elle m’a dit que les gènes sorciers ne se transmettaient que toutes les deux générations, et seulement aux filles, car sa grand-mère l’était aussi, mais aucun homme de la famille n’était sorcier. Je pense surtout qu’aucune d’entre elles n’avaient envie de se marier à un sorcier et préféraient vivre tranquillement comme des moldus.

Néanmoins, je suis la seule sorcière de ma fratrie, et c’est à cause de cela que nous avons dû quitter précipitamment la Hollande. J’avais neuf ans quand ma magie s’est manifestée pour la première fois. J’imagine que mes parents auraient préféré que cela arrive à la maison, et pas à l’école. Pourtant, je suis plutôt soulagée. Ma meilleure amie venait de trébucher dans les escaliers, elle aurait pu être gravement blessée si je n’étais pas intervenue – inconsciemment – pour la retenir à deux centimètres du sol. En lévitation. Dans le petit village où je vivais, il y avait plus de moldus que de sorciers, par conséquent tout le monde avait commencé à avoir peur de moi, mon amie la première. Mais je préfère cela que de la savoir paraplégique ou pire encore. La nouvelle s’est répandue dans toute l’école, puis dans toutes les familles du hameau. J’aurais pu être la seule à me faire rejeter que cela ne m’aurait rien fait, mais ma famille aussi était répudiée, menacée de tous les côtés. Triste monde.

Nous avons quitté la Hollande pour rejoindre l’Angleterre, là où personne ne nous connaîtrait. Ce ne fut pas simple pour mes parents de trouver un travail dans la campagne anglaise, il leur fallait prendre la route jusqu’à Londres pour aller travailler. Comme je ne maîtrisais pas correctement ma magie, mes parents ont préféré me laisser à la maison, et je m’occupais alors de mes frères et sœurs la journée quand ils étaient trop jeunes pour aller à l’école. J’ai appris à cuisiner tout en étudiant seule à la maison. Mon père me ramenait souvent des romans et des encyclopédies de Londres, ce qui me permettait de travailler la langue anglaise – encore maintenant je garde un fort accent hollandais, n’ayant pas pu communiquer avec beaucoup de natifs.

C’est au cours de ma dixième année que je reçus ma lettre pour Poudlard. Ma grand-mère m’avait tout expliquée à ce sujet, je n’étais donc pas surprise d’être admise dans une école de sorciers. J’adorerais que ma grand-mère soit encore de ce monde, elle m’aurait beaucoup aidée à maîtriser les sortilèges que j’ai appris au cours de mes deux premières années là-bas.



Partir pour Poudlard fut une tâche moins aisée qu’il n’y paraissait. J’ai eu beaucoup de mal à quitter ma famille et l’envie de faire demi-tour une fois devant le train m’a longtemps suivie. Dans mon compartiment, je ne parlais pas aux autres enfants et observait, mélancolique, le paysage défiler sous mes yeux. J’avais les larmes aux yeux mais j’avais promis de rester forte. Quand nous sommes tous descendus du train, je fus subjuguée par l’immensité de l’école – qui ressemblait plus à un château qu’à une école, à vrai dire. Je fus envoyée dans la maison Poufsouffle, bien que les autres maisons m’aient semblé tout aussi sympathiques. Les autres enfants de ma maison étaient pour la plupart gentils mais surtout travailleurs, je n’ai donc pas eu le loisir de beaucoup les fréquenter. Mes deux premières années se sont passées sans trop d’encombres, je me suis faite quelques amis mais je me demande s’ils me considèrent réellement comme telle.

Mes parents me manquent toujours dès que je retourne à Poudlard, mais je me sens chaque fois un peu plus motivée. Ici au moins, personne ne me juge sur ma magie, et la bibliothèque est vraiment grande et remplie de livres très intéressants.